- Tu sais quoi?! Je me suis retenue toute la soirée de ne pas poser de questions, mais la tu joue avec mes nerfs. Alors oui, je sais on ne se connait pas ni rien, mais apparemment on va se voir souvent maintenant, et puis tu m'as l'air bien sympathique, donc même si tu t'es pas d'accord on se verra quand même. Alors ce serait sympa, pour mes nerfs, que tu parles. Alors, raconte moi, qui c'est qui te surveilles toi?

Je secoue la tête et regarde le ciel, l'accusant de la curiosité de cette inconnue qui ne compte pas le rester longtemps pour moi. Je n'ai pas d'amis, n'en veut pas. Je préfère rester seul au moins je suis tranquille et jamais déçu. Mais cette fille s'accroche, comme si elle avait planté ses ongles manucurés dans mes bras, ne me laissant pas partir. Je soupire. Je vais être obligé de lui répondre, même si ce n'est que partiellement.

- Tu t'es retenue ?! C'est une fille c'est tout.

C'est maigre elle va vouloir m'enchainer avec d'autres questions. Mais je tente de tuer ses questions dans l'oeuf.

- Et tu vas vraiment me coller jusqu'à ce que je devienne "normal" ?

Je fais mine d'être méchant, mais j'ai surtout peur qu'elle me dise oui et que je finisse par répondre sincèrement à ses questions. Quelques chose me dit que je ne suis pas sorti de l'auberge.

- Donc... Cette fille... La haut. C'était qui pour toi ?

Je grimace, elle ne va pas vraiment arrêter de me faire chier hein ? Pff, les filles je vous jure. Sa question est celle de trop même si ce n'est rien au fond. Cela m'énerve vraiment. Mais je ne peux pas la remballer, dieu seul sait pour quoi. Alors je choisis la provocation, je me retourne vers elle et m'approche de son oreille pour lui murmurer doucement.

- Allez, tu vas arrêter de poser des questions. Tu peux être une chieuse, mais silencieuse...

Je frôle son coup de mes lèvres, tentant de la déstabiliser le plus possible. Qu'elle s'émoustille un peu pour qu'elle arrête de poser des questions... Enfin j'espère...

Je sens sa langue et souris, puis lui rends son baiser quand le moment vient, avec ardeur et une envie non dissimulée.

- J'aime beaucoup, ces choses "comme ça".

Je ris, puis embrasse son nez et me remet à ma place. Je secoue la tête et regarde de nouveau le ciel. Physiquement, elle lui ressemble. Mais mentalement elle n'est définitivement pas comme ça. Elle est plutôt comme moi. Je souris et la regarde un instant avant de contempler les étoiles et de me calmer.

- Je me doutais que c'était le genre de chose que tu aimais. En même temps à notre âge, c'est normal. Physiologiquement, c'est bien ça fait du bien.

- Ohh, donc je suis une jolie fille? C'est gentil, mais pas impressionnant pour un sous. Tu n'as pas mieux dans ton sac de donjuan ?

Je la regarde pendant quelques secondes puis me re-concentre sur le ciel. Ce genre de paroles ne m'atteins pas. Avant sans doute, mais avec la vie on finit par se blinder à propos de ces choses là. Alors je laisse faire qu'elle pense ce qu'elle souhaite de moi grand bien lui fasse. Mais si un jour quelque chose se passe avec elle se sera purement physique, on voit dans ses yeux lubriques qu'elle n'a envie que de ça. C'est ce qu'elle souhaite. Peut-être qu'un jour elle se réveillera, peut-être qu'un jour tous les gosses perdus du monde se réveilleront. On ne peux que l'espérer. Simplement, l'espoir à déserté mon âme...

- Je ne cherche pas à t'impressionner. A quoi ça sert de séduire quelqu'un qui trouvera un autre mec pour prendre son pieds le lendemain. Ça n'a aucun challenge tu sais. Mais je ne juge pas ou quoi que se soit. J'aime aussi ce genre de plaisirs. C'est simple, sans relation, et même pas besoin de parler. Mais cela fait de nous des êtres vides et mécaniques...

- Je t'aime bien toi!Donc je suis vide hein..

Je la regarde longtemps sans ne prononcer aucun mot. Que répondre à ça ? Je ne pouvais pas lui dire qu'elle ne l'était pas ou elle me poserait des questions. Et cela finirait par me conduire à ma soeur ce que je ne voulais pas. Je ne voulais pas qu'on me parle de cette traitre de la douleur qu'elle m'inflige à chaque instant de ma vie de ce perpétuel malêtre que je vis, que je subis depuis maintenant des mois. Je sais que je ne suis pas rationnel, puéril même. Mais je ne peux pas m'empêcher de la blâmer. Voilà pourquoi je suis si cash avec Mélanie... Je la regarde encore et soupire, la vérité c'est que je l'aimais bien aussi, elle était comme moi sans l'être...

- Je suis vide aussi si ça peut te rassurer. Mais c'est plus facile ainsi. Etre un bon garçon, gentil, sage, bon élève... Au final tu finis toujours brisé. Je préfère être insolent, indiscipliné, et m'envoyer en l'air tous les jours.

Je suis presque dégouté en entendant mes paroles Le changement qui a eut lieu en moi est vraiment radical. Mais au fond c'est tout ce que j'aurais été sans elle, sans Julia. Une blondinette menue et pleine de vie qui ne fumait pas, ne buvait pas, et ne se droguait pas. Elle était en quelques sortes une petite sainte qui faisait son possible pour être irréprochable afin de pouvoir prodiguer des conseils... Et je l'aimais tant cette enfant... Je regarde Mélanie et me décide à lui dire.

- Julia, la personne qui veille soit disant sur moi, c'est Julia.

Je lui lâche ça de but en blanc, sans plus d'explications.

Je hoche la tête et reste pensif quelques secondes. Peut-être étions nous tombés dans la débauche - a des degrés différents certes - pour la même raison ? Je regardais les étoiles puisqu'elle ne me regardait plus certainement gênée par ses confessions ce que je comprenais tout à fait. Pour moi aussi ce n'était pas simple. Mais elle ressemblait tellement à ma soeur que je ne pouvais en faire autrement. Si il n'y avait qu'à une personne que je devrait le dire, ça aurait été elle. Je pose ma main sur sa joue alors qu'elle vient de se retourner vers moi. Et dire que j'étais en train de devenir ami avec de pot de colle sur-excité de la vie... J'étais pas dans la merde. Mais au fond on était cassés de la même façon. J'embrassais sa joue et soupirais.

- Tu comprends.

Je la regardais longuement tentant d'imaginer sa vie avant la mort de son petit frère...

- Tu étais comme maintenant avant ton frère ? Accroc à des tas de drogues plus ou moins dure et au sexe, à l'alcool aussi sans doute.

C'est à mon tour de regarder ailleurs en repensant à ma relation avec Julia. Je déglutis difficilement pour la regarder.

- Tu lui ressembles beaucoup. Et notre lien c'était... une évidence, à la limite de la télépathie. Et je la hais maintenant, je fais tout ce qu'elle détestait. Je couche avec n'importe quelle fille ou femme tant qu'elle soit consentante - ce qui n'est pas compliqué - et assez bonne. Par contre je touche pas aux drogues... Mais il m'arrive de boire. Ca aide pour coucher avec certaine, j'avouais en riant. J'suis un gros connard quoi !

- Je ne pense pas que tu la déteste. Tu fais ça juste pour l’embêter de là haut, peut-être penses-tu qu’elle reviendra si tu l’énerve de trop ? Mais ça ne changeras rien. Et je tiens a préciser que tu n'es pas un connard...

La blondinette à raison. Je provoque Julia comme pour attirer son attention. Mais maintenant je suis devenu cet être détestable et je ne souhaite pas vraiment changer pour tout avouer. C'est plus simple et moins douloureux de faire face comme ça. Mais il faudra bien grandir un jour, c'est pour ça que ma mère à convaincu mon père de me conduire ici. Je ne voulais pas au départ. Mais savoir qu'il y avait des tas de meufs faciles qui écarteraient les cuisses sur mon passage, et que l'alcool devait être clandestin mais bien présent. Ca m'avait convaincu d'y aller. Alors une petite argumentation plus tard mon inscription était faite et je me retrouvais ici.

- Avant mon frère, j’étais la petite fille modèle. Celle que mes parents voulaient, ils étaient fière de moi et me le montrer comme des parents montre a leurs enfants combien ils les aiment. J’étais heureuse. Mais le jour où j’ai appris que ma mère était enceinte, j’ai eu peur, mais ça n’as pas duré longtemps, juste le temps que mon père m’explique que ça ne changerais rien entre nous, que tout serais comme avant avec un bébé en plus. Bien sur je n’étais pas idiote et je savais qu’un bébé prendrait plus d’attention mais mes parents m’aimeraient toujours, et c’est tout ce qui comptait. Malheureusement comme je te l’ai dit mon frère n’as pas survécu. Et mes parents changèrent de comportement avec moi. Je crois qu’ils n’arrivaient pas a croire que moi j’étais la et pas lui. Donc je me suis mise a faire conneries sur conneries, c’était le seul moment ou mes parents s’interressait a moi en fait. Et puis je suis devenue ce que tu connais. La grosse nympho qui fume et boit n’importe quoi.

Je souris doucement. Elle parle beaucoup il n'y a pas à dire. Elle est tout l'inverse de moi. Ou tout simplement une fille. Elles adorent parler, pendant les préliminaires, pendant qu'on couche et surtout après pour savoir si c'était "bien". Je soupire intérieurement.

- Ton côté nympho' ne doit pas vraiment déranger la gente masculine.

Je lui dis ça en regardant son corps un sourire lubrique sur les lèvres. Elle parait surprise de ma réaction comme si elle pensait que je ne la trouvais pas désirable. J'arque un sourcil et la regarde longuement parce que son regard persistant me gêne à présent.

- Quoi ? J'ai quelque chose sur le nez ?

Je demande cherchant une autre issue de sortie au cas où elle serait trop gênée ce qui m'étonnerait !

- T'es spéciale comme mec quand même.

Je la regarde pendant qu'elle me tourne le dos à vrai dire cette réflexion je me la fais souvent. Je suis dans un équilibre instable entre la personne que j'étais avant et celle que je suis maintenant. Par exemple je ne peux pas abandonner les cours sachant la facilité que j'ai à suivre ceux-ci. Il en a toujours été ainsi, je me souviens avoir aidé ma soeur pendant des années alors que mes devoirs étaient fini et m'accordaient plus que 15/20 sans peine. On me montrait tel un exemple qui travaille alors que j'allais draguer à la moindre occasion. Je souris légèrement qu'il était bon le temps où mon insouciance et ma sensation d'immortalité, était présente. Parce que tant qu'on est jeune, on se sent immortel. Quand on est mis face à la mort d'un être particulièrement proche on prends soudainement conscience de notre immortalité. Ouais, inutile de dire que je suis allez chez le psy. Et ne croyez pas que c'est lui qui m'a dit ça. Je lui ai sortit toute la tirade d'un bloc et il m'a renvoyé chez mes parents avec un mot attestant que le choc était passé et que j'avais compris l'essentiel que mes souffrances n'étaient pas cachées et que je m'en remetterais.. Mes parents veulent à présent l'attaquer. Parce que ramener une fille différente plus souvent que l'autorise la moyenne et boire avant d'aller en cours c'est pas aller mieux pour eux. Je me tire de mes songes et regarde Mélanie.

- Ouais. Je suis coincé entre deux états. Mais je vais pas détailler tu vas me prendre pour un intello' à lunettes. Ce que je ne suis pas.